Thursday, June 4, 2009

two nudes in paris


My fave galpal in Paris, Bonnie Melvin, read this translation of my poem Two Nudes at the Sulyap festival recently. The poem was translated by Anne Latour and Branko Aleksic -- merci a tous!


Deux Nus

Elle craint Avril plus que tout, ce moment où la mousson
étouffe le peu de dévotion qui reste entre nous. J’en veux
à la mousson, pas à elle. Depuis Sarawak
quand il longe la côte sud ouest, l’air empeste le cardamome,
la laitance de crabe, les cadavres. Des soldats bombardent Pikit,
trois mille réfugiés musulmans affluent
dans les églises chrétiennes. L’ironie ne la frappe pas qui veut
que nous finissions toujours par soigner ceux
que nous maltraitons le plus. Elle est couchée sur le lit telle ma
république battue par le vent et la pluie, trop triste pour réagir
à la médiocrité de mon étreinte, à ce que ma jouissance
vienne ou trop vite ou trop lente. Vous pourriez croire que j’invente
mais elle m’a dit ce matin : L’argent
est le plus bel objet du monde.
Elle cherche à croire en quelque chose,
un au-delà de l’évidence trop claire, trop proche
pour être vue. Cher Eric , écrit-elle, je ne me précipite vers toi
que lorsque je suis sur le point de me désagréger.
L’été aux tropiques est un long carême, tout de repentir
et de résurrection, et il me rend malade. Elle colle ses pouces
dans les stigmates secs de croûtes de mes mains, sans douleur.
Elle me dit que l’on n’échappe pas à la guerre. Il faut bombarder
quelques villes si l’on veut la paix. Si nous avons des enfants
ils seront neuf sur dix qui jamais ne conjugueront le futur.
Pour quelque raison elle trouve cela réconfortant .
Lorsqu’elle est ainsi couchée, en position fœtale, un bras déplié,
contact avec mon visage, elle me rappelle le cap
extrême nord des Sulawesi. Elle me l’a montré une fois
sur la carte : une île jungle presque de forme humaine,
grouillante de terreur, incroyablement pauvre.

Traduit de l’anglais par Anne Latour et Branko Aleksic

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